HEIDI WOOD, Le bûcher de Meymac ou l’œuvre à flux tendu

Programme de résidence (mars – avril 2009) et exposition (18 avril – 15 juin 2009)

Centre d’art contemporain, Abbaye Saint André, Meymac

 

Dans la prestation Heidi Wood, le tableau, inscrit dans un environnement donné, fait image. En insistant précisément sur cet effet image, se produit une cristallisation symbolique d’un idéal ; la valorisation extrême des apparences volatiles de l’objet confère à la suggestion Heidi Wood la précarité et la force d’évocation du dessein dans sa capacité à oblitérer toute trace de peinture.

 

Le contexte génère et justifie le motif (alias le tableau), et inversement. L’œuvre se dévoile dans cette interdépendance ponctuelle et spécifique. C’est précisément ce qui intéresse l’artiste qui n’a pas d’illusion sur l’autonomie de l’objet peint, encore moins sur la pérennité du contexte. En conséquence, dans la situation d’un tableau qui s’expose, seul l’effet d’annonce retient son attention. Dans la peinture ce qui l’alerte, plutôt que le signe, c’est le signal.

 

Heidi Wood intervient comme un prestataire de service dans les contextes les plus divers, industriels, urbains, domestique, commerciaux, etc. Elle se donne pour métier de faire image sur contrat et sous sa ligne. Dans sa démarche, le tableau n’a que la valeur du motif. En tant qu’objet, il est soumis à des règles d’usage dont dépend le label qualité de la prestation. Sa durée de vie est limitée. Sauf cas de détournement par effet d’acquisition, sa validité est de cinq ans. Les aspects matériels de l’œuvre ne sont que des simulations ponctuelles. Le motif est, lui, gardé en mémoire ; il peut être réactivé à tous moment.

 

C’est à ce titre et dans le cadre de sa résidence à l’abbaye de Meymac, qu’est programmé l’incendie de vingt-et-une de ses toiles de 2002 et 2003. Elles ont toutes figuré au sein de projets spécifiques (Cristal Union en 2002, Planète magique en 2003, etc.). Loin de toute volonté de controverse ou de provocation, cet acte est un accomplissement. A l’image d’une entreprise soumise au principe du flux tendu, l’artiste gère ses stocks en se débarrassant des invendus. Mais ici l’acte prend valeur de symbole, de sorte que ses modalités performatives seront pensées dans le moindre détail à l’instar de ses installations. Et de fait, dans le contexte actuel des surproductions auxquelles semble lié l’équilibre incertain des économies, ce geste iconoclaste devrait donc apparaître dans sa complète valeur de signal.

 

Philippe Coubetergues, mars 2009.

 

Post-scriptum

Devant les difficultés d’organisation d’un tel « bûcher » et la réalisation que les tableaux contiennent du polyester et du plomb, et donc risquent de dégager une fumée toxique, la destruction des tableaux à la fin de l’exposition se fera de manière moins spectaculaire.

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